mercredi 15 janvier 2014

Le coeur en braille de Pascal Ruter



Le cœur en braille
De Pascal Ruter
Roman jeunesse
292 pages, 14.20 €
Didier Jeunesse, 6 juin 2012

Jusque-là, pour Victor, une année scolaire, c’est du saut à l’élastique. Ce qu’il préfère ? Écouter les Rolling Stones, sa gaver de loukoums avec son copain Haiçam, parler mécanique avec son drôle de père… Quand il ne s’amuse pas à planquer le papier toilette des filles, il essaie d’échapper aux punitions qui pleuvent sur lui comme le paratonnerre. Mais lorsque Marie-José, génie absolu, déboule dans sa vie un beau jour de contrôle de math, c’est tout son univers qui implose…

P.-S. Si vous avez envie de rire, c’est normal.
Si vous avez envie de pleurer, c’est normal aussi.

Avant de vous parler du contenu, je voudrais vous décrire un peu de l’objet livre en lui-même, je pense que vous le savez déjà, si pas vous l’apprendrez, je craque souvent pour les couvertures et les beaux livres. Le cœur en braille est aussi joli à l’extérieur qu’à l’intérieur. Une couverture solide et cartonnée a rabats, où l’on retrouve à l’intérieur les personnages illustrés par Anne Montel. De plus, le roman est parsemé de quelques dessins (des maths, de la géométrie, un bulletin de notes) ce qui rajoute toujours un petit plus, du moins dans mon cas.

Maintenant, parlons de l’histoire, une histoire qui comme la 4e de couverture l’indique m’a fait rire et pleurer. Un magnifique roman jeunesse.

Victor, jeune collégien, vit seul avec son père, il a 3 amis, Haiçam, « son vénérable Égyptien », et les frères (qu’il surnomme Metro) Étienne et Marcel.
C’est la rentrée et il est bien décidé à ne plus (trop) se faire remarquer et de ramener de belles notes. Seulement Victor a un souci avec les mots (je vous mettrai quelques exemples en fin de chronique) et des difficultés dans tous les cours (surtout en math), malgré ses efforts. Il essaie de s’appliquer, mais peine perdue. Il pense ne jamais y arriver quand un jour, lors d’un contrôle de math, sa voisine de banc, Marie-José, va lui souffler la bonne réponse à un contrôle.
Il ne comprend pas pourquoi elle a décidé de l’aider et lui demande des comptes, Marie-José lui propose alors de lui donner des cours particuliers en échange d’une aide que lui seul, Victor, peut lui offrir. La vie de Victor va complètement changer, il va s’améliorer à l’école, découvrir qu’il a des possibilités et, surtout, va prendre ses responsabilités très au sérieux.

L’histoire en elle-même est magnifique, une belle leçon de vie, je ne peux vous révéler ce que demande Marie à Victor, mais, à partir de ce moment-là, on est complètement happé par ces 2 personnages très différents. 
Ce qui au départ n’était que des cours particuliers va prendre une plus grande ampleur, la relation entre eux évolue vers quelque chose de très beau et de fort.

Pascal Ruter construit un roman où chaque personnage est atypique et attachant. 
Victor, le héros, comment ne pas s’attacher à ce garçon qui connaît par cœur sur les Panhard (vieille voiture), mais ne retient rien à l’école ou mélange tout, guitariste à ses heures, naïf il prend au pied et à la lettre tout ce que l’on dit, il vit seul avec son père qu’il admire beaucoup.
Son père est un être fantaisiste, un collectionneur, fan de Panhard, il vit un peu dans son monde, j’ai eu un peu de mal à cerner ce personnage, malgré tout lui aussi très touchant dans la façon d’aimer son fils.
Haiçam, fils du concierge, passionné par les échecs, il refait des parties inlassablement avec son père et idolâtre les grands joueurs d’échecs, philosophe à ses heures, Turc mais qui fait shabbat, tout simplement parce qu’il en a envie.
Le surveillant, Lucky Luke, fou courses vélo, un peu bourru au départ, mais dont la lecture des « Trois mousquetaires » (conseillé par Victor) va lui changer la vie.
Étienne et Marcel, le Métro comme dit Victor, ils ne font rien à l’école, leurs projets professionnels : devenir découpeur de blanc de poulet sur un tapis roulant, car après tout les entreprises manquent de mains gauches ^^
Et enfin Marie-José, élève surdouée, solitaire, ses parents, des négociants en arts, sont souvent absents, son rêve passer l’examen pour entrer au conservatoire. Elle est la seule à ne pas prendre Victor pour quelqu’un de bête, une jeune fille forte et fragile à la fois

Comme vous le lisez, l’auteur a écrit un roman aux personnages originaux, grâce à eux on rit, mais le fil rouge du livre lui est triste. 
On se laisse porter par les mots (et jeux de mots) de l’auteur, on avance dans le livre, quand vient LA révélation on a le cœur serré, ensuite on veut lire comment la situation va évoluer.
Les 2 derniers chapitres, j’ai vraiment sangloté, et en même temps le livre se finit sur une belle note d’espoir et de leçon de vie donnée par 2 jeunes à des adultes. On sort de cette lecture avec le sourire.

L’écriture de l’auteur est simple et agréable, en même temps c’est Victor le narrateur, il nous raconte ses aventures avec toute sa simplicité et sa naïveté et c’est justement cette dernière qui nous fait rire et pleurer, il dit des choses tellement belles sans s’en rendre compte. Le rythme est un peu particulier, mais on s’y fait rapidement.
Maintenant, n’oublions pas que c’est un roman jeunesse et que certaines choses sont prévisibles, certaines seulement !

Un livre qui nous présente la confrontation entre le monde des adultes qui ne rêvent plus assez et ceux des enfants qui eux, ont encore, des rêves, des espoirs plein la tête.

Un roman jeunesse que je vous recommande vraiment, il aborde plein de thèmes comme l’amitié, le handicap, la musique, l’école, les relations père/fils.

Quelques citations :

— On ne se sent pas plus fort finalement, à sentir la fragilité des autres

— Tu as une superbe hémorroïde au doigt. C’est une vraie ? 

« — Génial un Kamasutra ! Merci ! J’adore ça
— un quoi ? a demandé Marie José (…)
— Un kamasutra, quoi, le dessert italien là (…) »

— Ça y est, j’ai compris, a dit le père de Marie-José. Un tiramisu

— Toute cette année, tu m’as prêté ton rêve. (…)

Pour en savoir plus sur l’auteur :

Pascal Ruter est né en 1966, dans la banlieue sud de Paris. Depuis qu’il a découvert l’oeuvre de Gustave Flaubert, il considère que s’il a des yeux, c’est pour lire, et deux mains (surtout la droite) pour écrire. Il ne voit d’ailleurs pas bien ce qu’il peut y avoir de plus intéressant à faire que de disposer des mots sur une page. À l’extrême rigueur, il accepte de regarder des films comme ceux de Charlie Chaplin, de Buster Keaton, de Jacques Tati ou de quelques autres.


Il aime par-dessus tous les livres où le malheur et la sévérité de la vie sont dynamités par la cocasserie et la drôlerie de situations loufoques. Il est bon public et rit très facilement.



Pascal Ruter passe une grande partie de son temps devant des jeunes gens qui ont entre 11 et 16 ans et essaie de s’y prendre le moins mal possible pour leur apprendre des choses. Dans ce domaine, comme dans certains autres, il s’en tient à la devise de Guillaume d’Orange : « Rien ne sert d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer ».



Il vit actuellement dans un minuscule village, au beau milieu de la forêt de Fontainebleau. Le Coeur en braille est son premier roman publié. (SourceRicochet





Son 2e livre, «Du bonheur à l’envers » se passe quand Victor était plus petit, il me tarde de le lire ! 


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