jeudi 9 janvier 2014

L’école de la mort De Lilian Bathelot, Charlotte Bousquet, Martial Caroff et Béatrice Egémar





L’école de la mort
De Lilian Bathelot, Charlotte Bousquet, Martial Caroff et Béatrice Egémar
Recueil de nouvelles, jeunesse, à partir de 12 ans
215 pages, 14 €
Gulf Stream Éditeur/collection : courants noirs, 22 août 2013

Lieu clos, territoire aux mille secrets, monde étrange et mystérieux… De tout temps l’école a abrité en ses murs histoires, légendes et mythes, rumeurs et rituels autour du savoir et de la culture, et accompagné la transmission de ceux-ci de règles intangibles et de règlements insidieux. Car l’école s’est donné une mission : l’élévation. Celle des esprits, celle des corps, celle des âmes bien sûr. Dans cet univers normatif, l’élève ou l’étudiant, s’il accepte les règles et consent à suivre l’enseignement qui lui est dispensé, recherche malgré tout la brèche dans le mur, la faille dans le système, l’espace de liberté où il pourra respirer. Si la mort est rarement au rendez-vous dans les institutions éducatives, elle représente somme toute le prix à payer pour cette liberté aux yeux d’un écrivain de littérature noire. C’est dans cette brèche qu’il va s’engouffrer pour imaginer les pires aventures, traquer les turpitudes cachées.

Je ne suis pas férue des recueils de nouvelles, les courts récits m’empêchant, la plupart du temps à m’attacher à l’intrigue ou aux personnages ; or, ici avec « L’école de la mort » j’ai vraiment passé un très agréable moment de lectures. J’ai pu découvrir la plume de 3 auteurs que je ne connaissais que de noms, redécouvrir la plume de Charlotte Bousquet (j’ai lu sa saga « La peau des rêves »).
8 nouvelles pour 4 auteurs, 8 récits se passant chacun à une époque différente et ayant comme point commun un crime commis dans un établissement scolaire, un lieu d’apprentissage ou ce qui y ressemblait dans les temps anciens.
J’ai vraiment apprécié chacune des nouvelles, j’ai été un peu frustrée pour 2 d’entre elles, car j’en aurais voulu plus. 
C’est un exercice de haute voltige de réussir à plonger le lecteur en quelques lignes dans un lieu, une ambiance, une intrigue ; de pouvoir en quelques mots décrire l’époque, les Us et coutumes du moment, pari relevé pour les 4 auteurs !

Nous commençons le voyage par « Les demoiselles de Saint-Cyr, sages comme des anges » de Béatrice Egémar.
Nous sommes au XVIIe siècle, Madame de Maintenon, épouse [secrète] de Louis XIV, fonde la Maison royale de Saint-Louis, un pensionnat qui accueille des jeunes filles afin de leur donner une éducation. Elle est en plein désarroi et se confie à celle qui la seconde, Madame de Loubert. Si la première est désemparée à cause d’une banalité, l’autre est inquiète et n’ose se confier pour des faits beaucoup plus graves.
On peut dire que cette nouvelle laisse présager le meilleur pour la suite, une écriture claire, concise, un climat sombre et en même temps on ne peut s’empêcher de sourire à certains moments
Avec réalisme et humour, l’auteure retranscrit à merveille l’ambiance qui régnait à l’époque du roi Soleil.

Pour la seconde nouvelle, on fait un bond dans le passé, il y a 450 000 ans avec « Le maître des pierres » de Martial Caroff. C’est sans doute la nouvelle qui m’a le moins plu, mais pas à cause de l’intrigue ni de l’écriture, très agréable, de l’auteur, mais à cause de l’époque, il m’a été difficile de m’attacher aux personnages, sans doute car ils ne parlent pas, ils s’expriment, mais il n’y a pas de dialogue, n’oublions pas que c’est normal à ces temps éloignés et que nous avons affaire aux Homo Heidelbergensis, descendants directs de l’homme de Neandertal (à la fin de la nouvelle, il y a une, courte, mais suffisante, explication sur cette tribu et la période, un passage très intéressant, merci à l’auteur).
L’histoire est celle de Reh et du Maître des pierres. Il est question ici de la transmission du savoir, un meurtre aura lieu, mais ça, je vous le laisse découvrir. 
Comme pour le récit précédent, nous lisons une nouvelle, mais nous apprenons aussi les coutumes de l’époque, même si je n’ai pas été embarquée par l’histoire j’ai aimé découvrir ces hommes, leurs croyances, leur mode de vie, c’est vraiment intéressant, qu’on se passionne ou non pour la préhistoire.

La 3e nouvelle est signée Charlotte Bousquet, « Les fantômes de Saint-James », mon coup de cœur du recueil (franchement si l’auteure se décidait à écrire un roman autour de cette nouvelle je m’empresserais de la lire), l’auteure nous narre ce qui était infligé aux Indiens au début du XXe siècle, dans le Dakota. (Mais pas uniquement, l’auteure laisse une note pour expliquer que ces traitements ont débuté fin du XIXe jusqu’à 1970 !)
Nous sommes à la mission Saint-James en 1928, Sœur Charity dirige avec d’autres religieuses cet établissement, leur but, « tuer » tout ce qui est indien dans ces jeunes filles indiennes qui leurs sont confiées, tout ce qui fait ce qu’elles sont leur est enlevé, que ce soit leurs longs cheveux noirs ou leurs religions, il règne un climat de violence extrême, on voit comment, des personnes peuvent s’imaginer des choses complètements invraisemblables, des croyances complètements stupides et oublier que c’est un être humain qui se tient devant eux. J’ai été horrifiée de lire ce passage de l’Histoire que je ne connaissais pas, Charlotte Bousquet m’a embarqué directement dans son récit, dès les premières lignes j’ai été happée, une nouvelle assez dure vu ce qui est infligé aux pensionnaires, néanmoins vraiment intéressante, la fin me titille, un personnage fait son apparition et j’espère le retrouver un jour, en 2 pages cet homme m’a fortement intriguée et pour moi la fin laisse présager une suite… (ou alors c’est tellement j’ai envie d’en savoir plus sur cet homme ^^)

Le 4e récit c’est Lilian Bathelot qui nous emmène à Stalingrad au milieu de la Seconde Guerre mondiale, en 1943. Nous suivons Roza Svetlana, tireur d’élire, avec ses camarades elle doit s’entraîner avant de pouvoir rejoindre le front, seuls les 2 meilleurs participeront à une « compétition finale », épreuve que Roza veut gagner à tout prix.
Des personnages au caractère fort, un corps d’armée qu’on ne rencontre pas souvent dans les romans, une écriture agréable, cette nouvelle ne fait pas partie de mes préférées, j’ai aimé suivre Roza, mais je trouve que pour ce récit on devinait un peu trop vite le dénouement de l’intrigue.

Ensuite, nous retrouvons à nouveau Charlotte Bousquet dans une nouvelle totalement différente de la première, changement d’époque, nous sommes au XVIIe siècle, d’intrigue, ici il s’agit d’un amour dévastateur. « Obsession » met en scène Marianne, une femme éperdument amoureuse du maître d’armes de son frère Léandre.
J’ai apprécié tout autant cette nouvelle que l’autre récit de la même auteure, en 25 pages elle nous fait ressentir les émotions de ses personnages, surtout du principal, on bascule avec dans la folie, la fin est tragique. Une nouvelle qui m’a captivée et émue. 
L’auteure a surtout dépeint un des protagonistes pour nous montrer ce que peut provoquer une obsession comme son titre l’indique, on entraperçoit peu les autres intervenants, mais ça ne m’a pas gêné, car mon attention était braquée sur les sentiments du personnage principal. Je suis sous le charme de la plume de Charlotte Bousquet !

Dans « Tatoo cœur » de Lilian Bathelot nous sommes il y a 4700 ans dans un petit village près de Montpellier. Nous suivons Doodo, une toute jeune fille (mais déjà considérée comme femme à cette ère) désemparée par la disparition de son père, elle est certaine qu’il lui est arrivé quelque chose même si la rumeur circule qu’il s’est enfui. Refusant d’écouter les autres habitants, elle mène sa propre enquête avec l’aide d’un apprenti de passage, Lillo.
Même si comme pour les autres nouvelles il est question de mort, le lien qui unit les 2 adolescents m’a particulièrement touchée, la fin est très belle. Comme pour « Les fantômes de Saint-James » de Charlotte Bousquet, « Tatoo cœur » me laisse un goût de trop peu, j’aurais vraiment aimé en savoir davantage sur l’avenir de Lilo et tatoo. 
Cette nouvelle, je pense vous l’avez compris, est une de mes préférées.

Seconde nouvelle de Béatrice Egémar avec « Meurtre à la maison de vie » nous sommes cette fois en Égypte, sous le règne du dernier pharaon du Nouvel Empire, Ramsès III.
Nous suivons Pépi, à l’école des scribes. Leur professeur Pashed est retrouvé mort. Une enquête est menée pour trouver le coupable
J’ai trouvé cette nouvelle originale, une enquête policière du temps de l’Égypte antique, j’ai apprécié de lire autre chose qu’un récit sur une divinité égyptienne, même si j’adore l’Égypte, j’ai lu, ici, quelque chose de différent, une intrigue plaisante même si son développement est court (mais encore une fois, je ne peux reprocher cela à l’auteure puisqu’il s’agit d’une nouvelle), Béatrice Egémar nous emmène sur différentes pistes, nous suivons les jeunes scribes durant leur laborieux apprentissage, ce sont eux qui sont les principaux protagonistes. Une nouvelle qui m’a une fois encore convaincue !

Enfin, le recueil se termine par « Agora Game » de Martial Caroff, nous changeons de pays, destination Athènes, en 413 av. J.-C.. Place à la philosophie et à la rhétorique, 2 disciplines courantes à l’époque. Nous suivons Socrate et Antisthène, un être froid, cynique, il aime particulièrement un de ses élèves, Khrémès. Antisthène va se confier à son ancien maître, Socrate, il n’a peut-être réussi à instaurer la bonne discipline dans son école.
Cette nouvelle est, de mon avis, la plus violente du recueil, j’ai néanmoins apprécié le récit, lire comment se déroulait l’apprentissage à cette époque. 
Martial Caroff glisse quelques références à d’autres de ses écrits, j’ai bien envie de lire autre chose de l’auteure, mais ça l’a été avec les 4 écrivains du recueil. Tous m’ont donné envie de les lire, une sorte de mise en bouche


J’espère vous avoir donné envie de lire ce recueil de nouvelles, j’ai forcément mes préférées, d’autres que j’ai moins appréciées, mais aucune que j’ai détesté ! Je vous le conseille vraiment !


3 commentaires:

  1. Recueil de nouvelles = Phebusa qui part en courant !
    Enfin bon, il y en a qui peuvent me plaire quand même au vu des thèmes.
    Par exemple, j'aime bien le roi soleil (surtout son château, en fait).

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  2. Je vais me le noter celui-là, je cherche à sortir un peu de ma zone de confort cette année et les nouvelles font clairement parties des choses que je ne lis que très rarement. Le thème de ce recueil est sympa et ton avis donne envie !

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  3. Il a l'air vraiment intéressant.
    A voir malgré que je ne suis pas une férue de nouvelles habituellement. :)

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